L’Histoire du Natural Surf Lodge contée par Claire


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Introduction

Ce texte, rédigé par Claire Bécret, retrace l'histoire du Natural Surf Lodge depuis sa création. C'est l'occasion, pour celles et ceux que cela intéresse, d'en savoir un peu plus sur l'origine du concept et le début de l'aventure humaine qui se poursuit au fil des années. Écrit spontanément suite à une expérience de vie tout aussi difficile qu'enrichissante, il s'adresse à toutes les personnes qui souhaitent partager avec nous, le temps d'un séjour surf, l'environnement exceptionnel du Lodge, les vagues landaises et vivre des moments inoubliables aux côtés de notre équipe enthousiaste et professionnelle.

Bonne lecture !

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Chapitre I
Rencontre avec le lieu

Le Natural Surf Lodge est une entreprise familiale lancée en 2000 lorsqu'avec Stéphane nous cherchions un endroit entre océan et forêt pour construire une petite maison qui accueillerait notre famille à venir.
Justin arrive le 22 novembre 2001 et commence sa vie à Seignosse, au Penon Résidence de l’Eyre appartement 741, 3ème étage, juste derrière le parking de « l’Agréou », à l’orée de la pinède mais surtout à quelques pas des vagues. Trouver un terrain alentour n’est pas chose facile (et encore moins aujourd’hui (!) car dans la région, on ne vend pas, on transmet de famille en famille, de ruine en ruine.
Pourtant, au hasard d’un détour curieux de Stéphane et d’une connaissance travaillant dans l’immobilier, l’Airial du Cleurcq (du gascon airiau, est un terrain couvert de pelouse et planté de quelques chênes ou de pins parasols, jadis au-devant de la plupart des habitations des Landes de Gascogne situées hors des bourgs) s’impose à nous comme un diamant brut, comprendre une ruine avec un potentiel extraordinaire.
En parallèle Greg, mon ami américano-écossais d’adoption cherche un endroit pour s’installer et quitter 3 années de vie à bord d’un petit voilier apponté à Capbreton. Une opération des hanches et les hivers humides landais l’obligent à poser ses valises et garer sa voiture juste à côté d’un logement bien isolé, en rez-de-chaussée. Greg est courageux, têtu et solitaire. Lourdement handicapé mais totalement autonome, sauf pour se nourrir, il conduit vaillamment et parfois même en inspirant peur et admiration, sa petite Fiat qui est pour lui gage d’autonomie et de liberté.
L’idée de lui proposer de s’installer dans une dépendance (ruine d’un ancien four à pain, rénové et transformé en “Fermette”), aboutit à un « deal » exceptionnel entre Greg, Stéphane & moi.

Greg sera donc le premier habitant à profiter de cet environnement exceptionnel. La “Fermette”, petite construction en briques fougères typique d'une certaine époque architecturale landaise, sera réhabilitée rapidement alors que notre petite famille s’installe pour l’été dans l’ancienne porcherie, qui deviendra plus tard le “Bungalove”. Petit coin spartiate mais disposant d’une douche (froide) en plein air et de toilettes sèches avant l’heure, le “Bungalove” offre aujourd’hui le confort d’un nid douillet.
L’appartement du Penon est loué et nous permet de vivre des saisons puis de boulots inter-saisonniers.
Stéphane travaille entre le sud-ouest et Paris dans la régie cinéma puis se stabilise avec un contrat d’animateur-blagueur à la maison de retraite de Soustons. De mon côté, je poursuis ma « carrière » l’été comme monitrice de surf indépendante alors que le reste de l’année scolaire j'alterne travail d’animatrice-environnement et d’intervenante en anglais dans les écoles locales.

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Chapitre II
Premiers pas dans l’Airial

La suite s’est enchaînée rapidement après le décès de la propriétaire de l’Airial Madame SOURGIN qui n’ayant pas d’héritier direct, nous a donné la chance et la possibilité de s’y installer. Les anglais utilisent le terme serendipity (sérendipité en français ou heureux hasard).  Nous parlons de coup de pouce du destin, de destinée, bref, l’Airial est pour nous et sort du patrimoine Soustons-Soustonnais. Au début on nous jauge, ce brave Marc LOJOU en tête, veilleur affuté et vif malgré une dégénérescence oculaire, qui tourne, qui vire, et ne loupe pas une occasion de donner son avis, souvent très pertinent. Un être bien à part, abandonné à la naissance par ses parents mais véritable génie autodidacte, conteur à 1001 histoires. Sa femme Régine gère toutes leurs propriétés alentour mais ne sort presque jamais. Leur fils unique Franck et leur petits enfants Louis et Aurélien nous aideront, merci à eux, lors de différents chantiers (forage, récupération d’eau de pluie…)
Il y a aussi la famille NATHER et leurs 3 enfants, nos plus proches voisins, discrets mais très impliqués dans la vie Soustonnaise. Chacun garde ses distances dans un respect mutuel et d’amour de la Nature. Donc tout ce petit monde se demande ce que ce jeune couple avec un enfant et une personne handicapée va bien pouvoir faire « du Cleurcq ». Alors que plus tard on ne cessera de nous demander comment nous avons planifié, organisé notre « business plan », nous sommes toujours incapables de l’expliquer si ce n’est qu’en disant « ce qui doit arriver arrive mais ça n’arrive pas tout seul, sans mettre les mains dans le ciment et le reste ».

Au début c’est une grande partie de déblayage qui s’engage, merci à la famille SOUMET, Aimé, Eliane, Mathias et Arnaud pour leur coup de bras, de pelle et de tronçonneuse car il fallait évacuer les gravats de toutes une grange écroulée dont il ne restait plus que les pieds de mur et mettre à terre une immense sapinette qui envahissait l’espace.

Les grands-parents BECRET-MAUSSET mettent directement et vaillamment la main à la pâte et celà pendant de longues années puisqu’ils s’occupent des repas (mamie Régine et mamie Yoyo), des divers et nombreux travaux qui vont du débroussaillage des espaces verts à la protection contre les termites pièces de bois des bâtiments existants en passant par la réfection de tout le réseau électrique (papi Christian) . Certains lodgeurs ou lodgeuses profiteront de la conduite sportive de papi Jean dans les ronds-points, ils s’en souviennent encore (!), qui assurait les transferts depuis gares et aéroport. Sans oublier la garde de Justin puis de Marius lorsque je partais donner les cours de surf à la plage des Casernes (eh oui déjà celle-là !) avec ma « Big mamma », un Ford Trafic customisé aux teintes vives et fleurs d’hibiscus colorées.

Il aura fallu des heures et des heures de travail à Stéphane, titan déterminé tenant son énergie et sa pugnacité de sa maman Yolande, de pure souche Béarnaise, et de son grand-père, papi Dédé cabochard et blagueur comme on n’en fait plus, pour réhabiliter et embellir un patrimoine datant du milieu du XVIIIe siècle.

Des hommes et des femmes donc, rompus au travail et au service de l’Amour. Pour tout le reste, l’imagination, l’inspiration, un détermination à toute épreuve ainsi qu’une touche d’inconscience ont permis au Natural Surf Lodge de voir le jour, de prendre souffle à l’ombre des chênes pédonculés quasi bi-centenaires et malheureusement tous condamnés par le capricorne (ou plutôt sa larve qui coupe les montées de sève et affaibli petit à petit ces colosses de verdure). Mais nous replantons !
En parallèle, Stéphane poursuit sa collaboration avec son copain Fred dans leur surf shop de « l’Agréou » au sein duquel il effectue des réparations de planches de surf, avec son beau tablier bleu qui m’a tapé dans l’œil dès ma première saison mais ça c’est une autre histoire...

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Chapitre III
Première phase de rénovation : le rêve en marche

La rénovation de la maison familiale commence sur les conseils avisés d’Eric DUPOUY, Compagnon du Devoir, amoureux des belles choses et des anciennes bâtisses auxquelles il aime redonner vie et lettres de noblesse.

Les travaux commencent dans notre future maison, Greg étant déjà bien installé à côté, dans ce qui deviendra “La Fermette”.  Rien n’est simple, la maison est affaissée côté Est car sans fondation, juste posée sur un terrain sablonneux.

Si aujourd’hui le Lodge est un endroit qui fait rêver, à l’époque c’était le simple logis du métayer et de sa famille. Les métayers étaient des paysans qui entretenaient les terres des grands propriétaires dont les maisons étaient, à contrario, faites sur 2 étages, de matériaux solides avec de la pierre et non du torchis.
Le torchis était constitué d’un mix d’argile et de paille bloqué entre les colombages par des morceaux de bois positionnés en diagonale.
Cette maison rustique piquait du nez certes mais l’ossature tenait encore bon grâce aux matériaux naturels et robustes en bois de chêne pour les parties maîtresses de la charpente et de pin pour le reste.

Les parties en chêne n’ont pas été touchées et maintiennent toujours la maison debout mais tout le reste était à remplacer. Qui dit bois et humidité (la nappe phréatique n’est qu’à 70 cm sous sol) dit termites, chantier titanesque auquel s’attèle Stéphane en solo avec son pistolet, ses milliers de chevilles et l’infâme produit. Tous les pieds des poutres ont été également traités à l’huile de vidange pour les protéger. Pas écolo mais efficace.

Eric DUPOUY avance de son côté, redresse la charpente, fait la dalle béton et donne naissance à l’élément central, le foyer de la maison : la cheminée. Car il faut imaginer qu’autrefois les pièces étaient divisées en petits espaces plus faciles à chauffer et qu’il y avait 2 cheminées de chaque côté et au bout de la maison, 2 étables qui permettaient de donner un peu de chaleur ou un minimum d’isolation grâce à la chaleur des bêtes, du côté Ouest.
Le bon sens paysan une fois de plus.
La crémaillère est pendue alors même que la cheminée est sur étais ! Mais c’est un tournant de la construction et le début d’une nouvelle étape dans la vie de notre famille qui emménage dans une seule pièce, la future chambre de Justin, matelas à même le sol et vêtements dans les valises. La cuisine bien que précaire et inachevée se pare d’un magnifique SMEG rose (mon caprice) qui fonctionne encore 20 ans après !

Une fois la maison terminée, nous sommes en 2002, deux chambres peuvent accueillir des hôtes dès le printemps 2003. Au début de l’histoire, nous nous sommes demandé ce que nous allions faire de tout cet espace, 4300 m2 au total et 4 bâtiments.

Rapidement nous nous sommes aperçu que les chambres d’hôtes ne seraient pas source d’épanouissement car nous, surfeurs et jeunes parents, avions un rythme trop différent des vacanciers en mal de grâces matinées et de soirées arrosées. Déjà le timing (terme anglais qui désigne le fait d’être en synchronisation, au bon endroit, au bon moment) notion fondamentale du surf, était au cœur de nos vies.

Tout cela pour dire qu’aujourd’hui nous sommes à un nouveau tournant de l’histoire familiale qui se fera quoiqu’il arrive mais nous espérons la voir continuer de s’enrichir à la hauteur et à la grandeur des sacrifices et efforts qui ont été fournis par tous, parents, enfants, grands parents, amis, et qu’il en reste des beaux et bons bouts de vies puisque en 2023, le Natural Surf Lodge fête ses 20 années d’existence.

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Chapitre IV
La Lodge à l'ère du Numérique

Avoir un lieu qui fait rêver c’est bien mais comment le faire savoir quand ce lieu est justement préservé des regards, d’une route passante et au cœur d’une Nature omniprésente, (champs, forêts, étangs et à 7 km de l’océan) ? Le site internet est incontournable et le premier est complètement façonné par un copain ingénieux et curieux mais pas du tout du métier, merci Cédric LECHAT. Totalement « home made » il nous a cependant attiré quelques guests surfeurs, personnes qui viennent une semaine suivre des cours de surf au quotidien et sont hébergés au Lodge.
C’est notamment des surfeurs Irlandais qui vont ouvrir le bal, personnes adorables que nous n’avons toujours pas oublié, David BATTIGAN et Declan MAC GREGOR. INTEGRER PHOTO DE DECLAN ET CLAIRE. Ce dernier est revenu presque 20 ans après, cet été 2022 avec sa petite famille et quelques rides en plus.
Pour poursuivre nos expériences cosmopolites, nous avons accueilli hors saison Andreas SCATOLERO et son copain Jacopo, deux jeunes italiens en échange scolaire. Andrea est maintenant installé heureux avec femme et enfants à Biarritz. On peut dire que l’aventure du Natural Surf Lodge commence à l’international puisqu’elle mixe des personnes hors France et c’est vraiment génial. Grâce à un site internet lancé uniquement en anglais et en .com nous nous sommes démarqués des écoles déjà existantes, et avons réinventé le concept novateur de surf camp, le 1er de France, inspiré des surf houses Australiennes (sorte d’auberges de jeunesse tenues par des surfeurs). Notre devise : essayer d’avoir toujours un coup d’avance, être unique et original.

Depuis 4 versions de site sont sorties et la 5ème doit voir le jour cette année 2023.

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Chapitre V
Deuxième phase de rénovation : le second souffle

Marius, est arrivé parmi nous le 27 décembre 2005 et avec lui une évidence d’intimité et une année décisive pour changer notre organisation : soit nous pouvions reconstruire la grange écroulée des années auparavant, soit nous arrêtions la partie hébergement pour poursuivre uniquement les cours de surf « comme tout le monde ».

C’est la première option qui s’est concrétisée. Le corps de ferme allait pouvoir renaître de ses cendres et nous permettre de retrouver notre intimité familiale somme toute relative, car mélanger travail, passion et vie familiale demande beaucoup de maturité et de rigueur, qualité qui nous ont quelque peu fait défaut et que nous avons pu corriger au fil du temps, non sans heurts et pleurs. C’est la vie.

Quatre nouvelles chambres voient le jour, une rose, une bleue, une orange et une verte, ainsi que la porcherie transformée en Bungalove, hébergement dédié aux amoureux, nous permettent d’accueillir une quinzaine de personnes. Nombre optimal correspondant à deux groupes de surf (limités à 8 élèves par moniteur). Le juste équilibre car au-delà on ne sait plus qui on a chez soi !

En parallèle des nouvelles chambres, la grande salle de 100 m2, ancienne bergerie, se retrouve au cœur des échanges entre Lodgeuses et Lodgeurs.
Une longue table pouvant accueillir 16 convives est fabriquée par Stéphane et Jean-Yves et devient l’élément central de convivialité.
Le coin salon trouve sa place à l’angle Sud-Ouest, le coin TV/vidéo agrémenté d’une cheminée bien agréable en hors saison, à l’angle Sud-Est, la cuisine au Nord-Est et le coin flipper, billard et baby-foot au Nord-Ouest. Le lieu a été approuvé “feng shui” par une stagiaire spécialiste passée par le Lodge le temps d’une semaine de surf.  Les anciens n’ont pas attendu la mode pour l’orienter naturellement de façon symbiotique, pour profiter pleinement des atouts de la Nature.

Juxtaposé aux chambres, le SPA version XXL bâti au pied de la façade Est ajoute un avantage de taille au surf hors saison. Il est si agréable après avoir bataillé et surfé des vagues dans une eau à 17°, de se plonger dans celle du SPA maintenue géo-thermiquement à 32°C.
En effet le Lodge fonctionne du mois d’avril au mois de novembre et notre « politique commerciale » a toujours été d’honorer nos engagements même pour une seule personne inscrite. Nous avons la conviction que cela «a payé ». Car au delà du lieu extraordinaire de vie que représente le Lodge, il y a les lodgeurs.euses et l’équipe sans lesquels cette aventure n’aurait pu se poursuivre dans de si bonnes conditions, celles du partage, de la fidélité, de la curiosité, de la diversité, de la différence et somme toute de liens affectueux voire amicaux développés au fil des années.

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Chapitre VI
Les protagonistes : surfeuses et surfeurs de tous horizons

Comment remercier toutes et tous sans produire une liste non exhaustive qui omettrait forcément quelqu’un.e ? Les fidèles se reconnaîtront s’ils lisent cette rétrospective qui est aussi l’occasion de les remercier et de leur exprimer toute notre gratitude et notre bonheur de les revoir d’années en années au Lodge, ensembles, séparément, au gré des contraintes personnelles et conjoncturelles ...
L’équipe se reconnaîtra également dans cette grande aventure familiale et amicale : merci les papis & mamies, merci Greg, merci Chacha, merci Pifou, merci Jojo, tio Seb, Lamarkus, le plus grand merci à Mathilde (10 années de bons et loyaux services couplés d’une énergie débordante, sans laquelle le Lodge n’aurait certainement pas pu rester un lieu “impeccable” et la cabane un avant poste fidélisant et ouvert quasiment de jour comme de nuit ! Mathilde est devenue en quelques années une excellente monitrice de surf, une big wave rideuse de la Nord reconnue par ses pairs, véritable force de la nature toujours prête à donner un coup de main et de muscles !). Merci aussi à la tendre et dynamique Liza qui avec Chacha ont formé le plus beau couple de co-workers du Lodge et nous ont fait l’immense cadeau d’être parrain et marraine de leur petite princesse Lou depuis le 23 septembre 2021.  Sans oublier Carla notre “best”, belle et efficace assistante-stagiaire.
Et puis il y a Fx et Esther, notre couple franco-néo-zélandais et leur “mixte family”. Leur fils aîné Xavier fête encore chaque année son anniversaire au Lodge. La bande à Rémi toujours fidèle, les trios et quatuors: “l’Autrichien” Olivier, Andreas & Co., “le Savoyard” Alex et ses potes, “le transversal” Paris-Limoges-Toulouse Christophe & Co., Nico et Jordan, la famille Leprince et le couple formé au Lodge par Mélanie et Jocelyn, le clan des pompiers de Marseille et notre adorable Fanny, reine des cannelés fourrés au Nutella, qui nous régale du jus de pomme de la propriété familiale et de l’eau de lavande faite maison, les voyageurs.euses solo, Véro, Lucille, Carla, devenues des amies, l’autre trio Marielle, installée maintenant à Seignosse, Marco au Texas, Julien et Alice en Suisse. Comment leur rendre hommage à toutes et tous sans en oublier et sans parler de nos ados qui donnent chaque année un coup de peps à notre équipe toujours motivée mais somme toute vieillissante...
C’est trop difficile, on va dire que c’est comme les photos ! Les meilleures on ne les fait jamais. Restent les souvenirs, les belles rencontres et amitiés qui se poursuivent au fil des années, celles d’une semaine intense en émotion ou de quelques moments volés dans une journée bien remplie ou sur le chemin retour à la gare locale de St Vincent de Tyrosse.
La vie suit son cours, comme l’eau d’une rivière qui coule sans s’arrêter, le Lodge traverse les années, les ados accueillis comme nos propres enfants sont devenus des adultes épanouis qui reviennent donner des nouvelles de temps en temps voire s’installer dans la région, je pense à Clément, Camille, Elliott, Yannis notamment. Et tous les potes qui passent par le RDV du mardi soir, barbecue devenu brasero, qui mélange surfeurs locaux et autres landais.es et surfeuses et surfeurs de passage.
Malgré toutes ces ondes positives, les pauses sont nécessaires et salvatrices car le Natural Surf Lodge est une entité mouvante, vivante, en perpétuelle adaptation à l’image ô combien fidèle du surf et des vagues. Cette capacité d’adaptation est fantastique et permet la réalisation de choses incroyables mais elle requiert une énergie incommensurable, tel un déménagement perpétuel, être là au bon endroit, au bon moment, changer les plans à la dernière minute en maintenant un haut degré de qualité.

2020 a été une année difficile pour tous mais également le point de départ d’une nouvelle étape de l’histoire avec une équipe rajeunie supportée par un noyau dur, pour le moment plutôt masculin, en les personnes d’Indhy, Gaétan, Hugo et soutenu en été par de “supers nanas” Agathe, Maud, Claire... Des collaborations démultipliées et des Helpex de passage contribuent à maintenir cette ambiance de travail cosmopolite et dynamique. Merci Christophe, Caro, Loïc, merci Oré...  Coup de chapeau également à nos jeunes filles au pair les Laura’s du Canada, Hanna from Tchec Republic, Olga notre yogi de Russie, Maia l’Argentine en couple avec notre ami Christophe DEVEAU aujourd'hui parents comblés.  Pour finir, Chiara l’Argentine, artiste body boardeuse globtrotteuse avec laquelle nous continuons à garder contact aujourd’hui. Et toutes ces femmes géniales des 4 coins du monde, qui partagent nos vies au gré des tendres pensées et petits messages Whatsapp, merci Béné, merci Véro, merci Lucille, merci Marie Noëlle, merci Pépette, merci Malika, merci Caro et merci à toutes ces belles âmes qui ont laissé une trace, un souvenir, un lien au fil de l’aventure…

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Chapitre VII
Le Lodge c’est quoi exactement ?

Stéphane a conceptualisé et réalisé tous les aménagements, à son image : bruts et subtiles à la fois. Le mélange des matières, des couleurs ont fait du Lodge un endroit unique et esthétique, tel une vague parfaite.
Nous l’avons pensé comme pour nous, simple, beau, sans chichi, naturel et spontané pour se sentir rapidement à son aise, comme à la maison.

4300 m2 de terrain arboré de chênes bicentenaires, un ancien four à pain, une souillarde* transformée en « Fermette » pour amoureux +/- un enfant, une maison d’habitation de 100 m2 où loge notre famille, Biscotte et Minouchou, une salle commune de 100m2 également dédiés aux repas et moments conviviaux des lodgeuses et lodgeurs, un coin Lounge qui jouxte le four à pain/pizza reconstruit entièrement par Stéphane dans la pure tradition, des toilettes sèches, un trampoline XXL, une salle de shape (shaping room) bleu azur, un local à vélos électriques et beach bikes au choix, une cabane perchée pour faire la sieste, lire, écouter les oiseaux ou se faire masser. Puis en partant du bureau d’accueil, on se dirige vers l’incontournable Bungalove, ancienne porcherie, avec son tiki et son canapé coloré au parfum polynésien. A droite en ligne, se trouvent les 4 chambres : la familiale pour 5 personnes, puis se succèdent « la Onda » (bleue), « l’Estiu » (orange), « la Green Room » (verte) pouvant accueillir sur 2 niveaux 4 personnes en lit simple. Chaque salle de bain a été façonnée et mosaïquée par Stéphane et les joints fignolés par mamie Yolande sa maman. Chaque « nid » coloré a sa singularité, des photos de surf de Bastien BONARME et tableaux de notre ami et artiste Karim REJEB leur donnent leur identité et originalité, créant une ambiance unique permettant à chaque lodgeur.euse de s’approprier rapidement le lieu. 
Home sweet home mais en vacances.

C’est essentiellement ce que nous avons cherché à créer, le bien-être et le (re)confort d’un toit familier dans un environnement nouveau, celui des vacances, le bol d’air frais, la respiration qui permet de recharger les batteries. Et le surf.
Le pari semble plutôt réussi étant donné le taux de “returning” surfeuses et surfeurs.
Cependant, il ne s’agit pas de s’asseoir sur ses lauriers mais bien de remettre l’ouvrage sur le métier à tisser.
2021 a vu la réfection totale du SPA et de la terrasse solarium. Le bowl de skate existe lui depuis 2012 mais était en bois à l’origine. Il a donc été remplacé par une structure béton aux courbes « parfaites » qui ravi les skateurs et permet également de travailler des appuis en mode transposition, afin de les reproduire sur les vagues, notamment pour la prise de vitesse.
Enfin le hammam mosaïqué de bas en haut de la voûte apporte une touche finale aux équipements mis à disposition des lodgeur.euses.

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Chapitre VIII
Le surf comme fil conducteur et une cabane sur la plage des Casernes

Au fil des ans, l’outil de travail s’est étoffé pour faire du Natural Surf Lodge un endroit magique, hors du temps, une bulle, car que ce soit au printemps, à l’automne ou au plus fort de l’été, la circulation ne change pas, pas d’embouteillages, pas de stress, juste une envie d’aller surfer et jouer dans les vagues.

Jouer, oui c’est ça et ressentir de la joie car nous parlons avant tout d’expérience aquatique : le surf étant une activité physique et sportive ingrate et difficile à maîtriser sans passer des heures et des heures à l’eau à chercher à prendre des vagues (on parle souvent des 10 000 heures de pratique). Pourquoi ?

1/ chaque vague est unique
2/ il s’agit de s’adapter à son timing, c’est à dire sentir sa vitesse et puissance et adapter sa rame en conséquence
3/ il faut passer d’une position allongée à une position verticale
4/ nouvelle notion de timing mais cette fois au moment de se lever, ni trop tôt sans vitesse, ni trop tard pour manquer le rush du take off
5/ un sens marin aiguisé pour anticiper et se placer au mieux pour prendre la vague
Alors en avant et patience....

Le timing est au cœur de l’apprentissage mais il est également important pour le rythme du surf camp car il s’agit de profiter au maximum de la journée et cela implique de se lever tôt, de déjeuner tôt et de filer à la plage. Timing avec la marée, timing avec la fréquentation du pic, timing avec le lever de soleil derrière la dune, timing avec le vent qui peut se lever à tout moment etc… cette notion de timing nous a conduit à proposer les semaines surf avec hébergement au Lodge couplé avec des cours de surf car non seulement c’est notre coeur de métier (nous sommes avant tout éducateurs sportifs et pas hôteliers) mais en plus il est important pour une question d’organisation logistique et de cohésion de groupes de caler des moments de partages (petit déjeuner, cours de surf, Brasero…) pour tisser un lien autour d’une expérience surf commune.

Un surf camp au vert et une école de surf, installée sur la plage dans une cabane en bois flotté démontable (loi littoral oblige et nous la soutenons entièrement), face au bleu de l’océan. Le Natural Surf Lodge bénéficie d’un set up exceptionnel dans un rayon de 7km depuis les vagues jusqu’au Lodge ou à la Villa en passant par la forêt et l’étang blanc.
La cabane implantée à la saison depuis 2005 a remplacé mon camion FORD Transit surnommé “Big Mama” par Greg, garé sur le parking.  À l’époque, les spots étaient bien moins fréquentés qu’aujourd’hui mais la plage des Casernes conserve néanmoins sa réputation de plage la plus nature et la moins fréquentée de Seignosse, et cela grâce à un parking sous les pins à 500 mètres de la dune, distance qui suffit à décourager les “pressés” et les “moins motivés”. Une école de surf nature, face aux vagues, une cabane/école de surf agrémentée de bois flotté et optimisée pour stocker les planches et les combis, lancer les cours de surf et accueillir les sessions de théorie surf.
C’est un réel confort qui nous est précieux même si l’autorisation qui nous est donnée tous les 3 ans reste précaire.
Pas d’eau ni d’électricité, démontage complet et utilisation de matériaux complètement naturels afin de respecter au mieux le milieu.

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Chapitre IX
Qu’est ce qu’une bonne saison surf ?

Pour nous, une bonne saison commence par un bon staff, une bonne équipe, puis en parallèle une bonne clientèle, des gens respectueux, sympas, motivés par le sport au grand air et en pleine Nature, et bien entendu le dernier paramètre incontournable, le temps qu’il fait et la qualité des bancs de sable.
Ces derniers sont totalement hors maîtrise humaine et c’est tant mieux, à nous de nous adapter, condition nécessaire de la survie ! Le surf est un excellent entraînement de la capacité d’adaptation.
Concernant le rayonnement solaire, nous prenons le parti de n’y accorder que peu d’importance (sauf lorsqu’il s’agit de bien s’en protéger). À propos des bancs de sable, leur qualité est soumise aux vents (direction, durée, puissance), aux courants, à la houle et aux coefficients de marée. Autant de paramètres à compiler qui requièrent toute l’expérience et la connaissance poussée de Stéphane sur les prévisions de houle et la mise en relation avec le coefficient de marée et l’état des bancs de sable. Le poste de “directeur technique” est une source de stress quasi permanente, sauf pendant les semaines sous régime anticyclonique, en général l’été (dépressions moins actives, anticyclone protecteur des Açores). Le sang froid et l’expertise sont de mise.

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Chapitre X
Une démarche Qualité Tourisme

Comment ne pas parler de qualité lorsqu’on parle du Natural Surf Lodge ? Qu’elle concerne les équipements, les professionnels encadrants (surf & tourisme), le souci du détail et du travail bien fait, il s’agit de pousser toujours un peu plus loin la réflexion sur le processus d’amélioration. Ça se résume par l’entrée en démarche qualité, chose actée et insufflée par les pros du CDT des Landes (Conseil Départemental du Tourisme) dont Pauline CAZAUBON sans laquelle cette initiative n’aurait pas pu prendre forme. Dès 2013 le pool « école de surf », pilote à l’époque, s’est étendu à bien d’autres acteurs aujourd’hui.
Deux audits passés, le dernier renouvelé en 2021 pour 5 ans nous encourage à poursuivre dans cette direction même si les procédures sont pénibles à mettre en forme et que notre meilleur baromètre est la satisfaction de nos guests qui supplantera toujours les 95%+ de reconnaissance institutionnelle.
Plus qu’une marque Bleue/Blanc/Rouge, le travail effectué dans le sens de la qualité nous a permis de nous structurer en interne car la satisfaction clientèle n’attends pas les questionnaires ou avis sur Trip Advisor pour nous tenir à cœur.
La démarche Qualité Tourisme ne peut signifie pas grand chose sans un engagement fort pour un travail respectueux de la Nature. Le surfeur par essence devrait être un fervent défenseur de son terrain de jeu : l’océan et de ses habitants.

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Chapitre XI
Une démarche Tourisme Durable

En avant donc vers un tourisme durable et introduisons le terme de « permatourisme » (dans le sens de permaculture c’est à dire permanence de ...).
On peut dire que dès sa création le Natural Surf Lodge avait déjà son ADN dans son nom.

Comment faire autrement que de remercier et d’honorer la Nature de nous offrir ses paysages, ses couleurs, ses odeurs si inspirantes et bienfaisantes ?
Surf parce que nous étions et resterons un couple de surfeurs et Lodge parce que ça inspire le “cosy”, que ça commence comme Love et que l’Amour est partout autour et au cœur de cette aventure.

Des mots c’est bien beau mais ils doivent se traduire en actions pour que la cohérence qui fait force soit établie.

J’ai peur d’oublier toutes les réflexions suivies d’actions depuis la création en 2003, date à laquelle le développement durable n’était pas encore à la mode même si déjà incontournable depuis longtemps.
Je me souviens du premier Vito 9 places avec son filtre à particule, qu’est ce qu’on avait bataillé à l’époque ! Puis le choix des matériaux, comme dans le temps, du bois, des enduits à la chaux, de la récupération pour les salles de bain et autres endroits mosaïqués. Sans oublier les belles pièces en bois massif de la scierie aujourd’hui fermée de Monsieur TROUNDEYRE dans le Pays Basque. Et enfin, la bataille administrative avec les bâtiments de France pour telle tuile plutôt que telle autre mais tous ces efforts ont finalement payé.

Les installations n’ont pas été en reste puisque des panneaux solaires ont été posés pour fournir l’eau des douches et une pompe à chaleur eau/eau permet toujours de chauffer le SPA à 32°C sur la base d’un échange de calories avec la température de la nappe phréatique.
À l’époque c’était visionnaire.
Réservoir d’eau pluviale, toilettes sèches et compost restent les incontournables du début et nous cherchons chaque année à diminuer l’empreinte de nos activités sur la planète.

Outre la part croissante de dons accordée à différentes associations tant locales (Pick it up, Défense des Ressources Marines et le club local Lou Surfou) que régionales (SEPANSO) et nationales (Halte à l’Obsolescence Programmée, BLOOM) nous essayons de minimiser les achats de planches en réparant autant que possible les planches et allonger ainsi leur durée de vie. Nous explorons d’autres pistes (planches en bois, récupération de pain de mousse pour un nouveau glaçage, structure du pain en nid d’abeille, réutilisation du néoprène…) mais les combinaisons et la fabrication des planches de surf restent très polluants. Notre fils Justin, jeune surfeur professionnel dont le rêve est d’accéder au plus haut niveau de compétition (World Champion Tour), peut difficilement adopter cette attitude économique car l’utilisation intensive et les conditions parfois extrêmes qu’exigent son entrainement malmènent ses planches dont la durée de vie est très très limitée. Néanmoins, Stéphane les réparent, même celle cassées en deux et les réintroduit dans le circuit “seconde main” ou au profit des jeunes surfeurs les plus performants de l’école ou du surf camp.
On fait comme on peut en essayant d’avancer vers la lumière.

La forêt mixte de 4 hectares de chênes et autres essences, plantée selon les principes de foresterie respectueuse du vivant, est une petite action de compensation de notre empreinte carbone. Elle a le mérite d’exister et de nous avoir permis de vivre encore une fois une très belle aventure collective (une vingtaine de personnes réunies sur 3 jours pour planter 3000 arbres). Au passage, merci à toutes celles et ceux qui ont participé au chantier.

La volonté de pratiquer un tourisme durable passe également par une transition et une limitation de la masse humaine accueillie dans et hors de l’eau. De notre côté nous avons atteint notre équilibre, notre vitesse de croisière et il est important de faire de la place aux plus jeunes qui appréhendent le travail saisonnier d’une nouvelle façon (allègement du temps et de l’intensité du travail même en haute saison par l’emploi de plus de personnes, pour profiter de la saison lors de jours de repos, chose inconsevable il y a quelques années…). Il s’agit de conserver une continuité génerationnelle si émouvante et bénéfique à tous, team et guests, et en partageant le travail pour qu’il soit un plaisir plutôt qu’une contrainte. La notion de “bien-être” au travail a tout son sens et nous avons la chance d’avoir un environnement de travail particulièrement attractif : métier passion, proximité de l’océan et de la nature, travail de service à des personnes en vacances qui ont choisi de venir pratiquer le surf.

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Chapitre XII
Alors que souhaiter de plus pour la suite ?

Rester ouvert de cœur, cultiver la créativité, combiner les talents et faire avec les différences de chacun(e)s pour mieux fonctionner ensemble, continuer d’établir de solides partenariats avec les acteurs engagés sur le territoire et plus généralement dans des projets d’envergure environnementale et societale telle que la Compagnie de Grands Arbres ou les Chantiers du Chanvre de l’Atlantique. Surfer de belles vagues, voyager (même pas loin), rire, aimer et tout cela en ayant une santé de fer.

Pour terminer je vous partage ces “punch lines” qui m’ont été très utiles et qui continuent à me servir régulièrement :
Qui vivra verra;
L’espoir fait vivre;
Where there is a will, there is a way;
There is always a « NO » but you can get a « YES »;
Fear has 2 meanings :
- Forget Everything And Run
- Face Everything And Rise
Choice is yours.

Et enfin “Tendre vers l’idéal et comprendre le réel” Discours à la Jeunesse de Jean Jaurès

Merci


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